Une rassurante étrangeté

Carte blanche à Superflux

Commissariat de David Chevrier

Anna Boulanger, Jean-Guy Coulange, Animal Debout, Inès Dobelle, Gilbert Dupuis, Pierre Galopin, Julie Giraud, Florence Girardeau, Guénaël Hautbois, Richard Jouy, Yann Lestrat, Joachim Monvoisin, Régis Perray, Babeth Rambault, Manon Riet, Francis Violette, Alun Williams

Exposition du 24 Avril au 30 Mai 2025

Ectoplasmes 4 (memories), technique mixte, 80 x 59 cm, 2004-2014, Guénaël HAUTBOIS

Pour la deuxième année consécutive, Les ailes de Caïus et la galerie Net Plus offrent une carte blanche à un partenaire. En 2025, place à Superflux, ce regroupement d’ateliers d’artistes basé à Bazouges-la-Pérouse, une petite commune située entre Rennes et le Mont Saint-Michel. En ouvrant ses portes à tous les publics, cette association créée en 1994 révèle ce qui est habituellement caché : la création artistique.

David Chevrier, directeur artistique de Superflux et commissaire de l’exposition, a choisi de réunir les œuvres de 17 artistes explorant la frontière entre le familier et l’étrange. En écho à l’univers de David Lynch, disparu le 22 janvier dernier, Une rassurante étrangeté convoque ce trouble si particulier où le réel, à force d’être exacerbé, devient étrange… et pourtant étrangement rassurant.

« Ce que je trouve fascinant chez Lynch, c’est cette manière de révéler une étrangeté nichée au cœur du quotidien. Il ne s’agit pas de créer du bizarre, mais de montrer à quel point la normalité peut être déstabilisante. On vit dans des cocons rassurants, dans des lotissements bien rangés… et pourtant, quand on y regarde de plus près, quelque chose cloche. C’est cette ambivalence-là qui m’intéresse : une étrangeté douce, presque familière. » – David Chevrier, extrait du podcast

Une rassurante étrangeté est un clin d’œil à l’inquiétante étrangeté, concept freudien associé au cinéma de David Lynch disparu le 22 janvier dernier. C’est un hommage à cet artiste insolite à la bonhomie rassurante et affectueuse qui était adepte de la méditation transcendantale et profondément engagé avec sa fondation dans des projets éducatifs pour les enfants.

Ecoutez le podcast de l’exposition 

Artiste lucide sur le monde et ses travers, Lynch a sûrement rejoint ses anges de Twin Peaks et de Sailor et Lula, et non les malfaisants Bob, Frank Booth ou Bobby Péru, symboles du mal et de la folie qu’il a exhumés à travers le prisme de l’humour et du grotesque. De cette angoissante réalité cachée, il a exacerbé la vie quotidienne au point de la rendre aussi inquiétante. A l’image de ses anges ou de son gâteau fétiche, le donut, le cinéaste a décrit une Amérique rassurante et candide sclérosée par la standardisation et l’uniformisation des lieux et des modes de vie. Son travail artistique révèle des travers économiques, sociaux, culturels ou individuels qui fondent une société aux imperfections assumées et complaisantes dans laquelle contradictoirement l’individu se sent en toute sécurité. Les normes sociales ou urbanistiques, les réseaux sociaux, les contes pour enfants, ou les faits divers peuvent être perçus comme étranges et/ou inquiétants. Cependant, ces éléments qui font partie intégrante de nos quotidiens et de nos mémoires collectives rassurent car ils nourrissent l’ego, le voyeurisme et la peur.

L’exposition présente un ensemble d’œuvres qui résonne avec certaines thématiques développées par David Lynch. Elles n’ont pas été créées en lien avec son univers mais elles renferment des particularités inhérentes à son travail artistique protéiforme.

Conversation, de la série Adolescents, peinture acrylique sur toile montée sur châssis (pin), 140 x 190cm, 2023, Julie GIRAUD

Informations pratiques :

> Galerie Net Plus, 60A rue de la Rigourdière, Cesson-Sévigné

> Ouverture du lundi au vendredi (9h-12h / 14h-17h)

>️ Médiation guidée gratuite sur réservation

Exposition précédente :

Ibiza Solo, Thomas AURIOL