Mouna Saboni
Ce que pensent les lierres
Les lierres pensent, mais ne font pas que ça. Ils communiquent, ils disent des choses d’un territoire en poussant le long d’un arbre, et se faufilant entre les rochers pour retrouver la terre un peu plus loin. Ils sont la trace de la nature sur un territoire urbain, celle qui tend à reprendre ses droits, à résister, à s’accrocher. Mouna Saboni s’attache à retranscrire les pensées de ces êtres faits de fleurs, de branches et de feuilles, de ces « mauvaises herbes » trouvées au gré des chemins ou au bord des chantiers. L’artiste s’intéresse à tout ce qui est éphémère à ViaSilva et s’attarde sur des détails qui marquent la transformation de ViaSilva et s’attachant à ce qui, bientôt, ne sera plus.
La disparition est au cœur du travail que Mouna Saboni a effectué à Cesson-Sévigné en 2019. Elle va de paire avec une poésie et une douceur qui se dégagent de chacune de ses photographies. Le gris de ses tirages tire d’ailleurs vers le blanc, une opacité qui se fait de plus en plus rare, comme pour marquer ces lieux et ces détails qui sont voués à ne plus être. Si l’artiste a été amenée à travailler sur la durabilité, elle s’est pourtant attachée à la question de l’éphémère. Ses photographies fixent un moment qui semblent déjà révolu, elles sont silencieuses, et invitent à la contemplation.
Jamais on aperçoit ce qui sera. Les bâtiments en construction et les engins de chantier désertent ses images. En revanche, les gravas engendrés par les travaux sont bien présents, comme des installations trouvées par Mouna Saboni, des paysages nouveaux qui bientôt disparaîtront eux aussi. Riverains perdus au milieu des champs, petits bois, chemins abandonnés, ciel nuageux et cimes des arbres … Tout cela peuple les œuvres de l’artiste, un instant déjà révolu dont elle garde une trace, un témoignage pour garder en mémoire l’identité actuelle de ce lieu.
À propos de l’artiste
D’origine franco-marocaine, Mouna Saboni étudie l’Économie Sociale et Solidaire avant d’intégrer l’École Nationale Supérieure de la Photographie d’Arles dont elle est diplômée en 2012. Depuis, elle enchaîne les projets au long cour, en France mais surtout à l’étranger (Egypte, Maroc, Brésil …). Sa pratique s’intéresse à diverses questions, notamment le territoire, les frontières, l’exil, l’identité ou encore la mémoire.
Son site internet : www.mounasaboni.com
Instagram : mouna_saboni